Synopsis

Au travers d'un vécu et d'une histoire familiale personnels, ce blog relate les nombreuses difficultés pratiques et barrières juridiques dressées par l'État polonais afin d'empêcher, contrairement à ses engagements internationaux, toute restitution ou indemnisation des biens immobiliers ayant appartenu aux familles de victimes des persécutions nazies (ghetto et génocide), et dont la spoliation instituée par le régime communiste n'en finit pas (la photo ci-dessus, prise en juin 2014, représente l'immeuble familial spolié, situé au centre de Lódz, à l'angle des rues Prezydenta Gabriela Narutowicza 14 et Wschodnia 69).

03 juillet 2014

À la recherche des titres de propriété

Enthousiasmé par la découverte du jour précédent, je me décida de consacrer les jours suivants à retrouver dans les archives disponibles de la municipalité les inscriptions authentiques qui pourront certifier de manière définitive que mes grands-parents étaient propriétaires de l'immeuble situé à l'intersection des rues Narutowicza et Wschodnia 69 à Lódz.

Notre première intention fut de nous rendre aux archives de l'état-civil où étaient conservés des registres d'impôts fonciers prélevés dans les années trente par la ville de Lódz. Dès lors que nous avions un domicile exact, tout devenait plus simple et pour nous et pour le conservateur que nous avions passablement sollicité les jours d'avant, et qui put retrouver du premier coup le livre foncier correspondant à l'adresse de l'époque, soit la rue Pilsudskiego 69, dont deux extraits sont reproduits ci-dessous :



Plan et inventaire de l'immeuble  de la rue Wschodnia 69, appelé autrefois Pilsudskiego




Acte officiel attestant du transfert de propriété le en faveur de Sonia et Hersz Lubicz, reçu le 12 juin 1939


 Notre second objectif de la journée fut de vérifier que cet apparent transfert de propriété avait bien été cadastré dans les archives de la commune.

Ce livre foncier, nous l'avons trouvé sous cinq volumes. La mention de mes grands-parents en tant que propriétaires y figure dans le dernier correspondant à la numérotation d'avant-guerre (N°1376).

L'acte authentique comporte plusieurs pages et je souhaitais, comme je l'avais fait pour le registre précédent, faire des clichés photographiques des passages les plus pertinents. Cependant, la fonctionnaire en service s'y opposa fermement et nous interdit de faire des copies, sans une autorisation formelle du tribunal prouvant notre intérêt légitime à obtenir un tel document.

J'ai eu beau tenter de démontrer ma filiation avec l'ancien propriétaire en présentant une pièce d'identité, et donc mon intérêt légitime : peine perdue, cela ne lui suffisait pas.

Néanmoins, la traduction de mon interprète de ce que nous avions vu ensemble m'avait grandement comblé et je ne voulais pas gâcher la joie de cette découverte pour une entrave administrative qu'il me faudrait surmonter tôt ou tard par d'autres moyens.