Synopsis

Au travers d'un vécu et d'une histoire familiale personnels, ce blog relate les nombreuses difficultés pratiques et barrières juridiques dressées par l'État polonais afin d'empêcher, contrairement à ses engagements internationaux, toute restitution ou indemnisation des biens immobiliers ayant appartenu aux familles de victimes des persécutions nazies (ghetto et génocide), et dont la spoliation instituée par le régime communiste n'en finit pas (la photo ci-dessus, prise en juin 2014, représente l'immeuble familial spolié, situé au centre de Lódz, à l'angle des rues Prezydenta Gabriela Narutowicza 14 et Wschodnia 69).

23 juin 2014

À la mémoire de mon père

Après un court pèlerinage sur la tombe des mes grands -parents et la rencontre fortuite d'Alexandre, un polonais en vacances sur une plage de Tel-Aviv, j'ai décidé à mon tour de découvrir la Pologne et de remonter, tant bien que mal,  la trace de mes ancêtres.

En arrivant à Lódz, ma première préoccupation était de trouver un interprète qui puisse m'aider dans mes recherches, ce qui n'est pas chose facile dans un pays où l'influence française n'est plus ce qu'elle était jadis. Néanmoins, entre l'office du tourisme et l'Alliance française, sise à la Manufactura (nouveau complexe commercial et culturel construit en briques rouges à la place des anciennes fabriques de textile du XIX siècle), il est possible de trouver des plurilingues s'intéressant encore à la langue de Molière.

Dans un premier temps, je décidais de me rendre aux archives municipales où je retrouva relativement aisément des écritures attestant de la présence de ma famille à Lodz dans les années trente.

Extrait d'archives de l'état-civil de 1931

Mais, ces inscriptions ne mentionnaient aucune adresse et je me heurtais au fait qu'il était impossible d'obtenir aux archives municipales une adresse à partir d'un patronyme.

Néanmoins, Herz était médecin et il devait être possible de retrouver la liste des médecins qui pratiquaient à l'époque. Cette liste m'amena à une première adresse : Cegielniana 7, tel 141-32.

Je me rendis à cette adresse qui en définitive ne correspondait pas à la bâtisse qu'on m'avait décrite. De plus, cette adresse pouvait correspondre seulement au cabinet médical et non à un domicile privé.

J'appris par la suite que le répertoire des rues de Lódz avait complètement été modifié sous l'ère communiste et que tant les noms des rues que leur numéro ne correspondaient plus à ceux d'avant guerre.

Je n'étais guère plus avancé.

30 juin 2009

Déclaration de Terezin

Les années 2000 s'écoulent sans que les autorités polonaises ne légifèrent sérieusement sur une restitution ou indemnisation des biens spoliés. C'est une valse hésitation entre gouvernement et parlement qui ne fait que démontrer l'absence de conscience et de volonté politique à empoigner et régler cette douloureuse question.

Puis, sous la pression internationale et particulièrement sous l'égide de la Commission européenne et de la présidence thèque de l'Union européenne, s'organise la conférence de Prague et Terezin en Tchéquie  qui réunit 46 nations, dont la Pologne, ainsi que des représentants des organisations non gouvernementales. Celle-ci entend mettre en œuvre diverses résolutions et principes tels la protection sociale des rescapés de la Shoah et autres victimes des persécutions nazies, les biens immobiliers, les cimetières et sépultures juifs, les œuvres d'art confisquées et spoliées, les objets du culte et biens culturels juifs, les archives, l'enseignement, la mémoire, la recherche et les sites abritant des mémoriaux.

De cette déclaration naîtra l'European Legacy Shoah Institut (ELSI) ou institut de Terezin chargé d'assurer le suivi des travaux de la Conférence, de diffuser les bonnes pratiques et directives dans les domaines concernés tels les biens immobiliers, de publier à intervalles réguliers des rapports sur ses activités et de favoriser la diffusion d'informations entre les États participants.

Pour plus d'informations, cliquez sur l'onglet concerné ou le site référencé.

20 mai 2000

Décès de mon père


Sans être parvenu à ses fins, mon père n'eut de cesse de maintenir ses contacts avec son pays natal. Malheureusement, il est emporté par la maladie en l'an 2000.

07 septembre 1993

Retour aux sources

Près de cinquante ans de communisme n'ont pas fait oublier à mon père que ses véritables origines étaient en Pologne et qu'il lui importait de récupérer ses droits de citoyen polonais. Il entreprit dès lors de s'adresser à l'ambassade de Pologne à Berne afin de récupérer de récupérer sa nationalité d'origine.

Rien n'y fit, les autorités polonaises lui ont toujours refusé ce droit, craignant probablement que cela ne les expose à devoir restituer les biens immobiliers confisqués et expropriés sous le régime communiste.

En effet, la problématique de la restitution des biens spoliés s'est très vite posée à la Pologne sur un plan international et diplomatique et la seule concession qu'avait été faite était d'offrir une possibilité de restitution ou d'indemnisation aux seuls citoyens polonais.

Hormis la restitution des biens communautaires religieux et cultuels, celle relative à la spoliation des biens privés reste au point mort, à savoir que les responsables politiques n'entendent faire aucun effort en  faveur des familles des victimes, quand bien même certaines pressions diplomatiques s'exercent çà et là.

La Pologne entend entrer dans la communauté européenne et profiter de la croissance et des avantages qu'apportent l'économie de marché. Mais elle n'est pas prête à régler ses comptes avec le passé.